Rédigé par Centremploi – Tourne la Page
http://www.tourne-la-page.com/
Connue depuis toujours comme domaine des cheminots, Miramas s’est très tôt imposée parmi les agglomérations ferroviaires. Mais Miramas, ce n’est pas qu’une histoire de chemin de fer… c’est aussi l’histoire d’un chemin de vie.
Il était une fois… un rocher
Juché sur son téton de pierre, Miramaris domine l’étang de Berre. Son nom viendrait de « Miro Mar », voir la mer. Le nom du village apparaît pour la première fois dans une charte de 1118 lors d’un accord entre l’abbé de Montmajour et l’archevêque d’Aix. Mais c’est vers 1096, avant de partir pour la Première Croisade, que le seigneur de Baux fait don de Miramas à l’abbaye de Montmajour. Au 9ème siècle, les Sarrasins sont en chemin ! La population se réfugie sur les hauteurs pour échapper aux agresseurs. Cinq siècles plus tard, ce sont des habitants tout aussi terrifiés qui fuient à St-Chamas, lorsque le Duc de Savoie assiège le château. Début 17ème, les moines abandonnent la fortification en ruine. À la Révolution, la bâtisse est saisie comme bien national. Aujourd’hui, l’oppidum a conservé l’authenticité et l’âme médiévale qui font sa notoriété.
Pas de bazar à l’Hôtel de Ville
La toute première mairie est cédée à la communauté en 1616 par la « Confrérie des Pénitents Noirs de Miramas » ; une salle qui occupe à elle seule le premier étage de leur chapelle. Voir les membres de cette congrégation défiler en portant leur lourde croix de bois et vêtus de cagoules noires, ajoutait un côté presque inquiétant à l’ambiance solennelle du cortège.
En 1790, Joseph Pourchier est élu premier maire de la commune. Quarante-six se succéderont jusqu’à aujourd’hui. La mairie principale est déplacée en 1894 dans l’ancienne école de garçons du quartier Constantine qui devient Miramas-Gare alors que Miramas-Village perd sa primauté. Depuis 1960, elle est située dans sur l’emplacement de l’ancien « Hôtel Jauffret » qui servit de siège à la kommandantur pendant la 2nde guerre mondiale. Depuis 2008, c’est le socialiste Frédéric Vigouroux qui conduit la mairie.
Faire parler la poudre
Au 17ème siècle, l’armée de Louis XIV est ravitaillée en poudre fabriquée grâce aux martinets (moulins à poudre) placés sur les bords de l’Huveaune qui coule dans la région d’Aubagne. Or, les agriculteurs consomment beaucoup d’eau pour leur production, ce qui affaiblit le débit du fleuve. Un problème ? Une solution ! Interdire aux Aubagnais d’utiliser l’eau pendant la semaine, sauf le dimanche pour arroser leurs champs. Malheur pour les cultivateurs qui craignent de perdre leurs récoltes. Pas contents les paysans !Le Consul d’Aubagne intervient en leur faveur auprès du Comte de Grignan qui ne veut rien entendre. Un bras de fer s’engage entre les deux entêtés. À force d’interventions, le « Roi Soleil » permet le passage du canal des Moulins à Saint-Chamas. Ça valait le coup d’insister ! Nous sommes en 1694. La Poudrerie Royale est née.
De la poudre au riz
À partir de 1914, l’arrivée massive d’Espagnols comble le besoin de main d’œuvre de la poudrerie qui alimente le front. En 1939, 20 000 paysans vietnamiens sont amenés de force en France et réquisitionnés pour la poudrerie. Ils vivent dans des conditions précaires, parqués au camp Gia Dinh, en français : famille. (hasard, mauvais humour ?) Ils sont utilisés par le Service de la Main d’Oeuvre Indigène qui voit en eux un personnel « économique » exploitable à l’envie. Parmi eux, 500 sont envoyés en Camargue pour relancer la culture du riz. Parallèlement, des migrants ibériques fuient le régime de Franco et rejoignent les asiatiques à la poudrerie.
La Poudrerie… et pleure
Entre 1882 et 1940, les catastrophes s’enchaînent. En 1936, une explosion tue 53 ouvriers et en blesse 200. Le 4 avril 1940, 11 personnes meurent dans la désintégration de « l’atelier 113 ». Puis la Poudrerie Royale ferme définitivement ses portes en 1974. Aujourd’hui, le site reste l’un des plus visités de la région. 135 hectares de faune et flore en font un lieu d’exception, offrant de jolies balades au cours desquelles on croise flamants roses, fouines, ragondins… 130 espèces d’oiseaux cohabitent avec chauves-souris, reptiles, écureuils, renards et pléthore d’insectes et autres poissons. Un joyau terrestre où l’écosystème règne en maître.
Querelles de clochers
En 1866, la paroisse de Constantine (à l’origine de Miramas ) est créée avec un prêtre indépendant de celui du village (l’actuel Miramas le vieux ). On érige donc sa chapelle en église. Deux prêtres , forcément ça divise ! Commence alors une rivalité entre paroissiens. On ne se fait pas de cadeau ! Une petite « crise de foi » manifestée par des menaces injurieuses, écrites en provençal, et adressées à « ceux d’en-bas », glissées dans les cantiques ! La population augmente, l’édifice devient trop petit pour accueillir les paroissiens. La construction d’une nouvelle église débute en 1913. Comme une symphonie, elle est livrée deux ans plus tard…inachevée. Il faut attendre 1932-1933 pour que les travaux aboutissent… et que son clocher soit ENFIN fourni !
À partir de 2014, des travaux de rénovation redonnent à l’église tout son éclat. En-dehors des offices religieux on peut y assister à des concerts d’ensembles vocaux. L’église Saint-Louis est aussi un lieu de diffusion culturelle apprécié au-delà des frontières miramasséennes.
Pas la gaie…guerre
En novembre 1942, Miramas vit sous l’occupation allemande. La première attaque a lieu le 12 juillet 1944. L’aviation alliée dévaste le triage et l’usine Kuhlmann qui fabrique de l’acide sulfurique. Les habitants sont évacués par les canaux de Craponne.
Mais la date la plus meurtrière reste incontestablement celle du 6 août 44. Le principal objectif consiste à détruire les ponts du Rhône sur le secteur d’Arles. Survolant la zone, les pilotes s’aperçoivent que les cibles sont déjà anéanties. Sommés de se replier sur un objectif « d’opportunité » , ils visent…la gare de triage de Miramas ! 124 bombardiers et 47 chasseurs détruisent intégralement le périmètre. Les voies sont coupées. Terreur pour la population.… Panique chez les teutons… Le 15 août, la ville est ravagée mais… libérée . Le triage est reconstruit dès 1945. Il faudra patienter jusqu’en 1956 pour que les usagers puissent de nouveau profiter de leur gare.
La classe à Miramas
À Miramas-Village, la première école s’ouvre en 1866. La mairie partage sa salle commune pour y accueillir une classe mixte. Elle ferme ses portes en 1969 pour être remplacée par une… cabine publique P.T.T. ! L’école actuelle se trouve juste à quelques pas.
Le groupe scolaire « Jourdan », composé d’une école de filles est construit en 1888. Cinq ans plus tard, on y adjoint une école de garçons. Depuis, Miramas ne cessera de s’étoffer en structures scolaires. En 1928, le groupe scolaire est transformé en école maternelle. L’école de filles « Jean Macé » voit le jour ainsi qu’un établissement communal pour garçons (aujourd’hui collège « La Carraire »).
L’institut agricole fondé par Marius Chalve devient le lycée agricole Fontlongue en 1957. Ainsi, depuis plus de cent ans, l’établissement propose des formations aux métiers liés à la nature et l’environnement. Il est régulièrement sollicité par la municipalité pour des programmes liés à son cadre de vie. Le lycée professionnel « Les Alpilles » est lui, créé en 1965. Détruit en 2013, il laisse place à un établissement flambant neuf deux ans plus tard. Entre 1975 et 1983, cinq groupes scolaires sont créés. Il manquait un lycée d’enseignement général dans la commune. En 1986, le lycée « Jean Cocteau », concrétise ce projet. Quant aux deux collèges bâtis en 1973, « Le Miramaris » et « Albert Camus », ils seront reconstruit en 1999.
Le train ne sifflera pas que 3 fois
On ne peut évoquer Miramas sans parler du train. A tout jamais marquée au (chemin de) fer rouge par l’histoire du rail, la ville peut s’enorgueillir d’être la plus importante gare de triage du Sud-Est depuis sa création.
Tout commence avec le projet de la ligne Paris-Lyon-Marseille approuvé le 1er mai 1842. L’année suivante débutent les travaux de la gare de Constantine, du nom du hameau où la quinzaine d’employés de chemin de fer et quarante autres ouvriers s’installent définitivement. Très vite, leur nombre atteint les quatre cents. En 1848, s’ouvre la gare de marchandises de Constantine. Le débarcadère est installé sur le quartier du « Paty ». Il sera remplacé en 1854 par une gare plus vaste, le nombre de voyageurs et le tonnage de marchandises ne cessant d’augmenter.
Paulin Talabot prend la direction de P.L.M. en 1862 et fait appel à des ouvriers expérimentés, arrivant des Cévennes, pour gérer l’exploitation ; solution économique et plus rapide que de former des gens sur place. Condition sine qua non pour être cheminot : être français. En 1884, la ligne Miramas-Port-de-Bouc est opérationnelle. Sa création était vivement sollicitée par Marseille depuis 1877. En 1915, la ligne Miramas-l’Estaque voit le jour. A l’époque, la cité phocéenne souffre du manque de relations avec l’intérieur du pays et espère qu’avec cette ligne, le port acheminera plus rapidement ses marchandises. Le trafic ferroviaire prend brusquement de l’ampleur. Au PLM, on réfléchit de plus en plus à un projet de gare de triage. En 1893, elle devient réalité. Avec ses 22 voies et ses dizaines de locomotives à vapeur, elle attire rapidement de nouveaux cheminots.
En 1915, la ligne de la Côte Bleue est ouverte. En 1949, de nouvelles locomotives, américaines et au fuel, arrivent. La gare de triage subit d’importants travaux de modernisation dix ans plus tard. En 1962, les locomotives électriques gèrent la moitié du trafic ferroviaire. Les engins à vapeur seront présents encore quelques années avant d’être remplacés, plus tard, par des motrices diesel.
1982 voit débarquer le TGV. On reconstruit le bâtiment voyageurs et on y ajoute un parking à étages. La nouvelle gare est inaugurée en 1983 en présence de François Mitterrand, Président de la République en fonction. En 1988, la gare est démolie. Le triage se modernise avec l’automatisation totale du tri des wagons dès 1989.
Début 90, les retraités du chemin de fer dépassent en nombre les cheminots actifs. En juin de la même année est inaugurée la nouvelle gare.
En 2000, le réseau ferré est relié à la plate-forme CLESUD et en 2001, la gare devient le terminus d’un TGV aller-retour pour Paris.
Les cités ouvrières
Pour loger les cheminots, la société P.L.M. (Paris-Lyon-Marseille) construit la première cité ouvrière de la commune en 1895. La « Cité Capitaine » est érigée sur les terrains du Paty. Suite à une pénurie de logement, des baraquements sont rapidement bâtis et accueillent leurs premiers résidents à partir 1947. En 2012, elle subit une opération « coup de jeune ». Les intérieurs rénovés, les espaces extérieurs requalifiés, les portails refaits, la cité a retrouvé une fraîcheur altérée au fil du temps.
Vers 1910, les ouvriers espagnols se sont installés dans les quartiers Est de la ville (chemin de Taussane, Pont de Botine…).
La « Cité Baudun »,(Cité Haute) et la « Cité Mercier » (Cité Basse) ont été structurées quinze ans plus tard. Quant à la « Cité Jardins », la plus moderne de la ville, c’est au début des années trente qu’elle reçoit ses premiers occupants. Les jardins ont été supprimés en 1960 et les immeubles rasés à l’automne 2015. Un nouveau quartier, « Miramas A », naîtra fin 2018.
La société P.L.M, nationalisée dès 1938, est reprise par la S.N.C.F. qui crée des colonies de vacances, un centre de jeunesse, une crèche, une garderie et un stade.
La P.L.M. avait prévu de construire 200 logements dont 48 dans un premier temps. Quatre, seulement, verront le jour. Il faut attendre 1942 pour que de nouvelles constructions apparaissent.
Dans les années 1970, la cité les grands ensembles des « Molières » est construite pour accueillir les travailleurs italiens et vosgiens les travailleurs de la zone industrielle de Fos : vosgiens, lorrains, etc.
Afin d’accueillir les travailleurs isolés, la municipalité crée le foyer « Saint-Exupéry » en 1972.
La ville de Fos se singularise par ses nombreuses usines et la proximité de ses industries. Il est donc impossible d’envisager toute construction. La ville cheminote devient alors une cité-dortoir. Les ZAC de « La Rousse » et « La Carraire » en sont représentatives. En 1976, le quartier des « Terrasses » sort de terre et se peuple essentiellement de lorrains venus travailler à la Solmer. Deux ans après, c’est le quartier des « Ruches » qui se dessine pour y loger, principalement, les mineurs d’Alès et de Saint-Etienne.
La progression démographique baisse considérablement à partir des années 80 mais la demande de logement reste réelle. Deux lotissements, les « Barielles » et le « Monteau » sont construits en 1984 afin de répondre aux demandes.
Les équipements
Jusqu’en 1865, la Poste ne tenait en fait qu’à une simple boîte rurale. En 1856, l’ouverture d’un véritable bureau de poste est demandée par Louis Castagne mais on la lui refuse. Le projet est validé en 1862. La distribution est opérationnelle en mars 1865.
Un champ d’aviation s’est implanté, en 1909, à l’ouest du Mas de la Péronne. En 1915, il devient un camp de transit pour l’Armée d’Orient. Un an plus tard, l’École d’Aviation d’Istres y implante une annexe spécialisée dans le vol de nuit.
Le pilote français Paul Bablot fait construire un circuit automobile dont les travaux s’achèvent en 1924. C’est sur ce parcours que Giulo Foresti atteint (officieusement) les 257 km/h au volant de sa Djelmo. Les années suivantes, le circuit recevra le Grand Prix de France, le Grand Prix de Provence et le Grand Prix Automobile de Marseille. En 1960, Simca choisit l’autodrome de Miramas pour engager son véhicule-vedette, « l’Ariane 4 », dans un pari fou ; celui de parcourir 200.000 km en continu. La course débutera le 25 avril pour finir le 14 juillet. Défi réussi avec une vitesse moyenne de 104,5 km/h !
Depuis 1986, l’autodrome est la propriété de la firme allemande BMW qui l’utilise comme piste d’essais pour ses prototypes.
En 1935, le service du matériel des armées installe un entrepôt de réserve de munitions sur un terrain de 280 hectares. Le site approvisionne les unités de l’Armée de Terre ainsi que les gendarmeries des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence, du Vaucluse et des Hautes-Alpes. Il stocke également les véhicules et le matériel pour la Force Terrestre d’Intervention et pour les unités françaises en service Outre-Mer.
Le corps des sapeurs-pompiers a été créé en 1948. Il devient secondaire en 1961, promu centre principal en 1971. Sept ans plus tard, il est inauguré dans sa nouvelle caserne, avenue du 8 mai 1945. En 1991, le Comité Communal des Feux de Forêt est opérationnel.
Une piscine municipale à ciel ouvert, composée de 4 bassins est ouverte en 1970.
En 1973, un hall d’informations vient compléter le syndicat d’initiative et la résidence « Mon Foyer », pour les personnes âgées ouvre ses portes.
En 1976, la construction de la salle des fêtes ravit la population miramasséenne qui réclamait un lieu festif depuis longtemps.
Une station d’épuration est créée en 1978. Elle représente l’une des plus importantes réalisations pour lutter contre la pollution avec l’épuration totale de l’étang de Berre et l’acquisition de terrains à Saint-Chamas ainsi que deux stations de refoulement.
L’année 1983 voit l’ouverture du commissariat de police, la réalisation d’une décharge publique et la création du centre technique municipal.
Le Nautic-Club ouvre en 1992 (il sera rénové en 1999) et le golf de la Combe est inauguré l’année suivante. C’est le premier golf public de France. Ses locaux seront agrandis en 2001 avec l’installation de deux restaurants. En 1993, on assiste également à la mise en eau du Lac Saint-Suspi.
En 1994, une déchetterie est ouverte aux « Molières ». Le centre-ville est rénové, la mairie et la place de l’Hôtel de Ville sont améliorées. On refait le stade des « Molières » et on construit les arènes de Sulauze.
Les gens du voyage peuvent faire escale sur une aire spécialement aménagée à leur attention depuis 1999.
Du monde rural au monde ouvrier
La terrible épidémie de phylloxera en 1870, l’importation d’arachides, la concurrence américaine et russe sur le blé, toutes ces évolutions ont fini par toucher la petite agriculture. Les habitants désertent peu à peu le vieux village et migrent vers la Poudrerie ou la plaine de la Crau. La population rurale s’efface au profit d’une population ouvrière.
L’industrie connaît une crise sérieuse en 1880. Les italiens quittent leur pays pour la France et principalement la région PACA. Les Français se montrent hostiles à leur égard, leur reprochant de venir voler leur travail. Pendant 3 jours, une traque va s’établir contre les transalpins. On l’appellera « Les Vêpres Marseillaises ».
En 1885, les ouvriers « non-cheminots » travaillent à la cartoucherie, aux carrières, aux briqueteries ou encore pour la fabrique de bouchons. Lors de la première guerre mondiale, la population atteint un pic de 10 000 habitants avec l’arrivée massive des espagnols [NOTE : non les espagnols n’ont été que quelques centaines à Miramas ! 200 à 300 maximum. Mais la ville accueille une population travaillant pour les industries de guerre ou encore des réfugiés venant de la zone du front]. Miramas renforce sa position naturelle de carrefour de la Basse-Provence avec l’établissement d’un port au débouché de l’étang de Berre. Le conflit terminé, la commune devient « Miramas la Rouge », l’importante population cheminote ayant marqué la ville à gauche.
Terre d’accueil
L’indépendance de l’Algérie, en 1962, entraîne un flux d’émigrés. Un peu moins de 600 pieds-noirs et harkis arrivent à Miramas. Jusqu’ici, les migrants étaient plutôt des cheminots issus des départements les plus pauvres du Massif Central. Nombreux sont ceux qui sont partis suite aux décompressions d’effectifs provoquées par l’électrification du réseau. Le solde migratoire reste dans le négatif malgré la venue des rapatriés entre 1962 et 1968.
Le complexe industrialo-portuaire du golfe de Fos se met en place. La croissance reprend avec l’afflux de populations nouvelles. En 1970, la Lorraine commence à se désindustrialiser et les mines de charbons ferment les unes après les autres. En août 1972, on voit sortir de terre la nouvelle ville de Fos. Située entre Miramas, Istres et la zone industrialo-portuaire, elle attire de nombreux lorrains, vosgiens et italiens. 82% des migrants arrivés suite à l’implantation de la Solmer (actuellement Arcelor Mittal Méditerranéen) sont des mosellans.
A la fin des années 1970, le quartier de la « Maille III » est construit pour accueillir les mineurs stéphanois et alésiens qui travailleront aux mines de Gardanne jusqu’à l’arrêt de l’exploitation en 2003. Ceux-ci disposaient d’un logement de fonction et d’un lopin de terre pour y cultiver leur jardin près de château de Cabasse.
Une immigration économique se profile au début des années 90. Ce sont essentiellement des portugais et des maghrébins qui viennent travailler dans le BTP et la sidérurgie, ce qui renforce le caractère ouvrier de la ville.
Un protocole d’accord pour la plate-forme multimodale CLESUD est signé en 1993. Les travaux pour les deux premières implantations sur le site démarrent en 1999. Un chantier de 22 000 m² d’entrepôts et 40 000 m² de locaux.
Arts et Culture
Si Van Gogh est tombé amoureux du Vieux-Miramas au point de venir y croquer ses dessins entre 1888 et 1889, c’est à partir de 1975 que la ville met la culture à l’honneur avec sa première bibliothèque. Établie dans l’école de quartier « La Rousse », elle est déplacée aux « Molières » en 1977. En 1982, la bibliothèque publique intercommunale ouvre ses portes avec un espace de 3 500 m² de livres, CD et films. Parallèlement, le Conservatoire de Musique ouvre ses portes. L’année suivante, l’artothèque vient compléter l’ensemble culturel. La ville met tout en œuvre pour garantir l’aide à la création et encourager l’art contemporain. En 1985, ouvre « La Boutique à Doc » qui offre un large panel de documentation sur toute les questions sociales et problèmes du quotidien.
A partir de 1979, chaque année a lieu la fête médiévale dans le Vieux-Miramas avec de nombreuses animations, marché médiéval et bombance orchestrés par des troubadours, bateleurs et jongleurs. L’occasion pour les habitants de jouer les figurants et pour les curieux de découvrir quelques pans d’histoire de la ville.
En 1986, l’inauguration du théâtre de « La Colonne » fait la fierté de Miramas. Le bâtiment dispose d’une salle modulable et réversible grâce au rideau de verre s’ouvrant sur un amphithéâtre de plein air.
1 700 000 briques non jointées composent les façades et apportent une parfaite acoustique à la structure.
Fondée en 1994, l’association « Les Nuits Métis » œuvre pour les rencontres pluriculturelles. Basée sur La Ciotat jusqu’en 2005, le collectif débarque à Miramas en 2009, y implante son festival et conduit son programme « Instants Métis » tout au long de l’année. Le but est de concevoir une actualité porteuse pour la ville en amenant les jeunes à s’intéresser à la mixité sociale et artistique et, bien sûr, travailler sur l’accès à la culture. Ils fonctionnent de concert avec la MJC, les établissements scolaires, la médiathèque, les centres sociaux, non seulement de Miramas, mais aussi de Port-Saint-Louis-du-Rhône et Fos-sur-Mer.
Place des grands hommes
Louis Castagne, le huitième maire de la ville, fut sans doute l’un des élus les plus aimés par ses concitoyens. Après avoir été plébiscité en 1846, il démissionne deux ans plus tard. Les votants le réélisent trois fois entre 1850 et 1855. Cet homme qui a beaucoup milité pour la construction du débarcadère décède en 1858. Personnage au grand cœur, il lègue la somme de 1 200 francs à la commune en demandant que l’argent soit placé et que la rente annuelle de 60 francs soit utilisée, chaque année, à l’achat de vêtements d’hiver destinés à deux enfants (un garçon et une fille) parmi les familles les plus pauvres de la commune. Cette tradition se perpétuera jusqu’aux années 1950. Louis Castagne avait un autre projet qui lui tenait à cœur ; celui de créer une fontaine pour amener l’eau jusqu’au hameau. Après son décès, le Sieur Saint-Etienne, propriétaire de Canadel, financera les travaux de construction contre le droit d’utiliser l’eau pour sa minoterie. Échange de bons procédés…
Le buste de Louis Castagne a été érigé en 1860, sur la fontaine, lieu emblématique du village, par Amphoux de Belleval, son successeur.
Un Juste pas…injuste
Un homme s’est particulièrement illustré lors de ces deux guerres ; Monseigneur Marius Chalve (1881-1970), évêque au fabuleux destin. Pendant le conflit 14/18, il recueille les orphelins dans l’Institut Agricole Fontlongue qu’il a créé avec l’abbé Mazel. Puis, au cours de la seconde guerre mondiale, il aide plusieurs familles juives à échapper à la Gestapo, dont le grand rabbin de Marseille et son épouse.Après la guerre, il sera pour cela élevé au rang de Juste par l’état d’Israël. C’est également grâce à lui qu’ouvre la première Caisse d’Épargne en 1910. Il créera la société sportive St Maurice et les jardins ouvriers en 1922.